L’Europe tarde à atteindre les objectifs d’efficacité énergétique qu’elle s’est elle-même imposés. La moitié seulement des Etats membres ont diminué leur consommation énergétique résidentielle de manière significative entre 2000 et 2019, selon selon l’AIE, et la Cour Européenne des Auditeurs déplore elle-même que la consommation globale d’énergie en Europe a augmenté en 2019. Le cadre législatif clair pour accélérer drastiquement la réduction conjointe des émissions et de la consommation énergétique est pourtant clair, afin de parvenir à la neutralité carbone en 2050.
Cela pose problème non seulement pour la réussite de l’action en faveur du climat, mais également à cause des opportunités macro-économiques que l’Europe va rater, si elle n’est pas à la hauteur de ses ambitions en matière d’efficacité énergétique.
Créer des emplois et améliorer la qualité de vie
Les bénéfices d’une politique de rénovation énergétique bien conçue sont nombreux et incontestables : l’UNEP estime par exemple que chaque million de dollars investis dans la rénovation des bâtiments pourrait créer jusqu’à 30 emplois dans le secteur de la construction. Ils viendraient s’ajouter aux 400 000 à 4 000 000 emplois qui seraient créés en remplaçant les énergies fossiles par des sources propres. Dans le contexte actuel de crise des prix de l’énergie, si l’on considère l’estimation de la Commission que le fait de remplir les objectifs d’efficacité énergétique permettrait d’économiser 30 milliards de mètres cube de gaz par an, alors chaque citoyen pourrait épargner plus de 120 euros par an, soit plus de 50 milliards d’euros au total. C’est une bonne chose pour l’économie, pour l’emploi, et pour la qualité des logement – donc pour la qualité de vie en général.
Décarboner l’industrie lourde et stimuler l’innovation
L’effort en matière d’efficacité énergétique a aussi un impact pour les produits et processus industriels, avec un potentiel significatif de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments. De fait, plus de la moitié des matériaux extraits dans le monde servent aux bâtiments, et plus 10% de la consommation globale d’énergie est dédiée à la production de matériaux de construction et rénovation. Les émissions en aval représentent un potentiel encore intact pour réduire les gaz à effet de serre tout en améliorant la compétitivité de l’industrie lourde.
Une action forte pour réduire l’intensité énergétique de l’industrie permettrait non seulement de générer des emplois (jusqu’à 18 emplois par million de dollars investi dans l’efficacité industrielle, selon l’AIE) et d’économiser des couts opérationnels, mais ce serait une incitation à plus de circularité, tout en stimulant l’innovation propre. Un mélange d’amélioration technologique, des pratiques optimisées et une refonte structurelle des processus industriels débloquerait un gain d’efficacité de 35 à 55 pour cent en 2050, selon les régions du monde.
Aller de l’avant
Les prochaines années verront un alignement d’étoiles sans précédent dans le ciel des politiques européennes. À mesure que l’Union progresse dans la mise en œuvre de son Pacte Vert, dans un contexte de relance durable post-pandémie, les opportunités législatives se multiplient, portées par un fort élan politique. Les discussions autour de la mise à jour de la Directive Efficacité Énergétique sont en haut de la liste des priorités, ce qui permettra de mettre en pratique le principe de Primauté de l’Efficacité Énergétique.
Mais alors que la plupart des leviers permettant d’intensifier l’efficacité énergétique sont en ce moment en train d’être revus, il est essentiel de garder à l’esprit la révision de la Directive sur la Performance Énergétique des Bâtiments. Elle permettra de traduire dans le réel les ambitions en matière de transition climatique juste, grâce notamment à un cadre solide de Standards Minimum de Performance Énergétique, pour amplifier sensiblement la Vague de Rénovation.
La crise des prix de l’énergie a rendu nos concitoyens douloureusement conscients de la nécessité de baisser la consommation énergétique, tout en se débarrassant des carburant fossiles. Alors, soyons au niveau des enjeux et saisissons pleinement les opportunités offertes par une efficacité énergétique optimale.
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